We Are Lovers

➡️ S'inscrire à la Newsletter

We Are Lovers a besoin de vous !

Nombre de personnes sensibilisées par We Are Lovers depuis sa création (2018)

64 572

OnlyFans ou l’ubérisation du sexe ?

OnlyFans ou l’ubérisation du sexe ?

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp

OnlyFans a-t-il bouleversé l’industrie du divertissement pour adultes en permettant à n’importe qui de devenir créateur de contenu pornographique ? Ce phénomène rappelle l’ubérisation de nombreux secteurs, où des plateformes numériques permettent aux individus de proposer leurs services directement aux consommateurs. L’ubérisation, un terme dérivé d’Uber, décrit la manière dont les technologies numériques et les plateformes en ligne transforment les marchés en facilitant l’accès direct aux services par les consommateurs. Dans cet article, nous examinons comment OnlyFans incarne cette tendance, en analysant son modèle économique, en présentant des exemples concrets actuels, et en explorant les perspectives sociologiques.

Qu’est-ce que l’ubérisation ?

L’ubérisation fait référence à l’émergence de plateformes numériques qui mettent directement en relation des prestataires de services et des consommateurs, éliminant les structures traditionnelles intermédiaires. Selon Bertrand Blancheton, professeur de Sciences économiques à l’Université Montesquieu-Bordeaux 4 et chargé de Conférences en histoire économique à l’IEP de Paris, le terme ubérisation renvoie au « développement des plateformes de services, symbole de l’économie numérique, et d’un nouveau rapport à l’activité professionnelle »[1]. Uber a popularisé ce modèle dans le secteur des transports, et depuis, des plateformes comme Airbnb et Deliveroo ont suivi, transformant respectivement les secteurs de l’hébergement et de la restauration. OnlyFans applique ce modèle à l’industrie du sexe, permettant aux individus de monétiser leur contenu directement auprès de leurs abonnés.

Comment fonctionne le modèle économique d’OnlyFans ?

OnlyFans, lancé en 2016, permet aux utilisateurs de créer et de monétiser des contenus, le plus souvent à caractère sexuel, depuis leur domicile. Le fonctionnement est simple : les créateurs s’inscrivent, téléchargent des contenus, et les abonnés paient pour y accéder. Cela rappelle le modèle d’Uber où des individus ordinaires peuvent offrir des services de transport sans nécessiter de qualifications spécifiques ni d’investissements initiaux importants.

OnlyFans se distingue par sa capacité à transformer la relation entre créateurs et consommateurs en permettant une monétisation directe. Les créateurs peuvent fixer leurs propres tarifs pour l’abonnement mensuel et pour le contenu payant à la demande.

Les créateurs peuvent monétiser leur contenu en fixant un tarif mensuel pour l’abonnement ou en vendant du contenu exclusif directement à leurs abonnés. Les agences comme MYMOF et Agence Pink en France aident les créateurs à optimiser leurs revenus en gérant leurs comptes et en élaborant des stratégies marketing personnalisées. Par exemple, MYMOF accompagne les créateurs dans la gestion complète de leurs plateformes, de la publication de contenu à la fidélisation des fans, ce qui permet d’augmenter les revenus des créateurs de manière significative[2].

OnlyFans prend une commission de 20 % sur les revenus générés par les créateurs, ce qui lui permet de générer des revenus substantiels tout en offrant une plateforme rentable pour les utilisateurs. En 2021, OnlyFans a généré 2 milliards de dollars de revenus, soit une augmentation de 500 % par rapport à 2020, et a versé plus de 3 milliards de dollars à ses créateurs depuis sa création[3].

La pandémie de COVID-19 a accéléré la croissance d’OnlyFans, avec une augmentation du nombre de créateurs et d’utilisateurs. En raison des restrictions de déplacement et de la recherche de nouvelles sources de revenus, de nombreux individus se sont tournés vers OnlyFans pour monétiser leur présence en ligne. Cela a conduit à une expansion rapide de la base d’utilisateurs, atteignant plus de 200 millions d’utilisateurs enregistrés en 2023[4].

3 points de comparaison avec la plateforme Uber

  • L’accessibilité : Comme Uber qui permet à quiconque possédant une voiture de devenir chauffeur, OnlyFans permet à quiconque possédant une caméra et une connexion Internet de devenir créateur de contenu pour adultes.
  • La flexibilité : Les créateurs d’OnlyFans peuvent travailler selon leurs propres horaires, offrant un niveau de flexibilité inégalé dans les emplois traditionnels.
  • La monétisation directe : Les utilisateurs paient directement pour les services ou le contenu qu’ils consomment, éliminant de nombreux intermédiaires.

Quels sont des exemples concrets d’utilisateurs d’OnlyFans ?

Nathalie Andreani, connue pour sa participation à l’émission de télé-réalité « Secret Story », a trouvé un nouveau moyen de gagner sa vie grâce à MYM et OnlyFans. Après sa carrière dans la télé-réalité, Nathalie a décidé de se concentrer sur d’autres projets. Elle a ouvert deux boutiques de prêt-à-porter en Corse et est restée active sur les réseaux sociaux. Cependant, c’est avec MYM et OnlyFans qu’elle a trouvé une nouvelle source de revenus significative[5]. Sur MYM et OnlyFans, Nathalie partage des photos et des vidéos d’elle en petite tenue ou dénudée. Ses abonnés doivent payer pour accéder à ce contenu exclusif. Cette stratégie lui a permis de fidéliser une base d’abonnés prêts à payer pour voir son contenu érotique. Dans une interview avec Sam Zirah, Nathalie Andreani a révélé qu’elle gagnait très bien sa vie grâce à ces plateformes. Elle a même déclaré être devenue millionnaire grâce à ses activités sur OnlyFans. À 53 ans, elle démontre que ces plateformes peuvent offrir des opportunités lucratives à ceux qui savent capitaliser sur leur notoriété et leur présence en ligne[6].

En 2020, l’actrice américaine Bella Thorne a rejoint OnlyFans et a gagné un million de dollars en seulement 24 heures. Son arrivée sur la plateforme a attiré une attention médiatique et a mis en lumière le potentiel lucratif d’OnlyFans pour les célébrités[7]. Ainsi, son arrivée démontre comment OnlyFans peut être utilisé non seulement comme un outil de monétisation direct pour les créateurs de contenu, mais aussi comme une opportunité de capitaliser sur leur notoriété.

Cependant, il est crucial de prendre en compte les implications plus larges de cette « ubérisation » du contenu pour adultes. Si OnlyFans offre une autonomie financière et un contrôle sur leur image à de nombreux créateurs, il soulève également des questions sur la commodification de la sexualité et les dynamiques de pouvoir inhérentes à cette industrie.

Comment les perspectives sociologiques éclairent-elles le phénomène OnlyFans ?

  • OnlyFans permet-il l’empowerment et l’autonomie des créateurs ?

Selon Monja Halvorsen, doctorante au Département de criminologie et sociologie du droit à la Faculté de droit de l’Université d’Oslo, qui a travaillé dans sa thèse sur l’empowerment féminin à travers OnlyFans, cette plateforme peut être perçue comme un moyen d’autonomisation pour les femmes. Elle leur permet de contrôler leur image et de monétiser leur sexualité de manière indépendante[8]. Onlyfans permet aux créatrices de contenus de gérer et de vendre leur propre image et leur sexualité sans dépendre d’intermédiaires souvent asservissants. Cela correspond aux principes du post-féminisme qui valorise l’autonomie et le contrôle personnel des femmes sur leur corps et leur travail[9].

Cependant, l’empowerment sur OnlyFans n’est pas universellement ressenti. De nombreux créateurs font face à des défis tels que le contrôle de la diffusion de leur contenu, la pression de maintenir une production constante, et le risque de tomber dans de nouveaux schémas d’exploitation par des agences promettant des services de gestion et de marketing.

  • OnlyFans est-il une extension du néo-libéralisme et de la commodification ?

Certains théoriciens nuancent cette perspective optimiste. Ils voient en OnlyFans une extension du néo-libéralisme, où même les aspects les plus intimes de la vie deviennent des marchandises. Cette commodification de la sexualité pourrait renforcer des dynamiques de pouvoir existantes, malgré une perception d’émancipation chez les créateurs de contenu. Selon les travaux de Paulina Weisskopf, étudiante en master de sciences des médias, langue et communication à l’Université de Bonn, OnlyFans représente une plateforme où la sexualité et l’intimité sont commercialisées, transformant les aspects les plus personnels de la vie en produits consommables. Cette marchandisation peut contribuer à la perpétuation des dynamiques de pouvoir inégalitaires, où les créateurs se retrouvent souvent dans des positions de vulnérabilité face aux exigences du marché et aux attentes des consommateurs[10].

Ainsi, pour conclure, OnlyFans, en ubérisant l’industrie du sexe, promet une autonomie financière, mais exacerbe la commodification de la sexualité, renforçant l’objectification du corps et les dynamiques de pouvoir existantes. Les pressions psychologiques pour produire du contenu constant affectent le bien-être des créateurs, ce qui est préoccupant pour l’association We Are Lovers, qui sensibilise aux dangers de la pornographie et vise à protéger les jeunes et les créateurs de cette économie numérique. De plus, certains regrettent d’avoir rejoint OnlyFans, car leur image est désormais sur le web pour toujours, les exposant à des conséquences permanentes et à une stigmatisation sociale accrue[11]. Ces regrets mettent en lumière l’importance de considérer les implications à long terme de l’engagement sur de telles plateformes, où les avantages financiers peuvent être éclipsés par des répercussions durables sur la vie personnelle et professionnelle des créateurs.

[1] Blancheton, B. (2018). Enjeux économiques de l’ubérisation : histoire, innovations, nouvelles frontières du salariat et de la firme, affaiblissement de la croissance économique. Vie & sciences de l’entreprise, 205, 10-22. https://doi.org/10.3917/vse.205.0010

[2] Mymof. (s. d.). MYMOF – Agence MYM & OnlyFans. https://www.mymof.com/a-propos

[3] Tom Wells. (2023). The Explosive Growth of OnlyFans: A Deep Dive into User, Creator, and Revenue Stats, Marketing Scoop. https://www.marketingscoop.com/small-business/onlyfans-statistics/

[4] Ibidem

[5] N, S. (2022, 27 juillet). « Je suis millionnaire » Nathalie dévoile son salaire sur OnlyFans et la somme est incroyable. Melty. Consulté à l’adresse https://www.melty.fr

[6] Sam zirah. (2024, 14 mai). NATHALIE & GABANO règlent leurs comptes avec AMANDINE PELISSARD : vieille, pas millionaire, MMA, IA [Fichier vidéo]. Consulté à l’adresse https://www.youtube.com/watch?v=hIWl2OF5wVU

[7] Caroline Madjar (Cover Media). (2020, août 30). Bella Thorne récolte 1 million de dollars en 24 heures grâce à OnlyFans. www.20minutes.fr. Consulté à l’adresse https://www.20minutes.fr

[8] Halvorsen, M. (2022). L’autonomisation des femmes grâce à OnlyFans ? Thèse de maîtrise, Département de criminologie et de sociologie du droit, Faculté de droit, Université d’Oslo.

[9] Female empowerment through OnlyFans ? A sociology of law analysis of tendencies and norms surrounding OnlyFans and the use of sex as a commodity in the digital realm. (2022). Consulté à l’adresse https://www.duo.uio.no/handle/10852/98357

[10] Weißkopf, P. (2022, 8 novembre). Creatorinnen auf OnlyFans : Zwischen Empowerment und Ausbeute. Consulté à l’adresse https://canapemagazine.com/weibliche-creatorinnen-auf-onlyfans-zwischen-empowerment-und-ausbeute/

[11] Latifi, F. (2023, 4 septembre). I regret doing OnlyFans when I turned 18. My subscribers pushed my boundaries, sent degrading messages, and treated me like an object. Business Insider Nederland. https://www.businessinsider.nl/i-regret-doing-onlyfans-when-i-turned-18-my-subscribers-pushed-my-boundaries-sent-degrading-messages-and-treated-me-like-an-object/

Post récents

Inscrivez-vous à notre newsletter