Le lien entre la consommation de pornographie et la violence sexuelle a fait l’objet de nombreuses recherches et enquêtes gouvernementales depuis les années 1970, notamment aux Etats-Unis[1]. Les conclusions ne font pas consensus et le débat est encore très animé dans la société occidentale[2].
Le lien de causalité entre la consommation de pornographie et la violence sexuelle peut être direct mais dans deux directions opposées : certaines analyses concluent qu’un.e consommateur.trice de pornographie sera plus enclin.e à banaliser ou à commettre des actes de violence sexuelle[3] ; d’autres analyses concluent à l’inverse que l’accessibilité à la pornographie tend à réduire ces actes[4] : « la criminalité en général, et le viol en particulier, ont diminué de manière substantielle au cours des vingt dernières années, alors que la disponibilité de la pornographie a augmenté de manière constante au cours des vingt dernières années ».
Plusieurs chercheurs et universitaires concluent par ailleurs à l’absence de tout lien de causalité entre la consommation de pornographie et la violence sexuelle[5] ; d’autres auteurs suggèrent que les effets néfastes de la pornographie peuvent être de courte durée[6]. Certaines études ont également démontré que la consommation de pornographie ajouterait au risque d’agression sexuelle seulement pour les hommes déjà prédisposés à être sexuellement agressifs[7].
Les résultats des recherches expérimentales existantes sur les effets de la pornographie sont donc mitigés et souvent influencés par la méthodologie employée[8]. Les méta-analyses[9] ont particulièrement retenu notre attention[10] ; notamment celle de Paul J. Wright, Robert S. Tokunaga et Ashley Kraus, qui se sont intéressés aux effets du visionnage de pornographie à partir des résultats de vingt-deux études réalisées dans sept pays différents[11].
La pornographie visée dans cet article consiste dans l’exploitation commerciale de la représentation explicite et filmée de pratiques sexuelles non simulées ; la violence sexuelle est entendue au sens large, et sous toutes ses formes : physique, verbale, psychologique.
1. Pourquoi la consommation de pornographie peut-elle conduire à de la violence sexuelle ?
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Depuis quelques décennies, un élément nouveau est apparu, à savoir l’impact d’une pornographie plus présente et accessible que jamais[12]. En France, une enquête de 2005 a montré que 58 % des garçons et 45 % des filles ont vu leurs premières images pornographiques avant l’âge de 13 ans[13]. Cette même étude rapporte que 58% des garçons et 42% des filles estiment que leur sexualité est influencée par la pornographie. En 2019, Anne de Labouret[14] indiquait que l’âge moyen de visionnage des premières images pornographiques se situe autour des 10 ans.
La pornographie a un impact sur la façon dont les adolescents et les jeunes adultes abordent leur entrée dans la sexualité. Elle constitue leur première, voire seule référence de ce que peuvent être des rapports sexuels, devenant ainsi le lieu d’apprentissage de la sexualité par défaut[15]. Dès les années 1980, plusieurs auteurs nord-américains soulignaient le rôle de la pornographie dans l’éducation sexuelle occidentale[16]. En effet, les jeunes regarderaient des contenus pornographiques pour quatre raisons principales, dont la préparation à la sexualité et la découverte de pratiques sexuelles[17]. La recherche d’informations sur la sexualité apparaît donc comme un facteur clé des premiers visionnages volontaires de contenus pornographiques.
59 % des personnes interrogées dans une étude australienne déclaraient avoir appliqué dans leur propre vie sexuelle ce qu’elles avaient vu dans une vidéo pornographique ; cela corrobore le positionnement croissant de la pornographie comme « autorité culturelle » en matière de sexualité[18]. Près d’une femme sur cinq a spécifiquement décrit comment son partenaire voulait « essayer » différents actes ou scénarios sexuels qu’il avait vus dans des vidéos pornographiques ou sur internet ; la pornographie s’apparente ainsi à un véritable manuel d’apprentissage[19]. Selon une enquête IFOP de 2017, 45 % des adolescents de 15 à 17 ans ayant déjà eu un rapport sexuel ont déjà essayé de reproduire des scènes ou pratiques de films pornographiques[20].
La pornographie « mainstream » montre désormais fréquemment des violences à l’encontre des femmes, telles que la strangulation et la dégradation, comme étant la norme[21]. La pornographie devenant plus accessible et normalisée, une population plus large peut être exposée à des contenus pornographiques misogynes et violents par rapport aux générations précédentes[22]. Cette accessibilité et cette normalisation peuvent avoir de larges répercussions sur les relations des consommateurs de pornographie, la perception culturelle plus large de la violence envers les femmes et la perpétration d’actes sexuels violents[23] ; l’impact de la consommation de pornographie sur le cerveau a également fait l’objet de plusieurs recherches ayant révélé sa dangerosité[24].
Contenu de plus en plus violent : banalisation de la violence
Une analyse du contenu des vidéos pornographiques les plus vendues a révélé que 88 % des scènes mettaient en scène de la violence physique (fessée, bâillon, gifle, etc.), 48 % des scènes mettaient en scène l’agression verbale (insultes, menaces, langage coercitif, etc.) et 94 % des scènes agressives présentaient les femmes comme des cibles d’agression[25]. En moyenne, sur trois sites grand public, un titre vidéo sur huit décrit une activité sexuelle constituant une violence sexuelle[26].
Même en mettant de côté tout argument moral, on ne peut qu’admettre que les sites les plus populaires proposent des contenus extrêmes et malsains, des scènes dégradantes où est fréquent l’usage de la force ou de la coercition sur des femmes globalement soumises[27]. A une époque où la pornographie est accessible sur internet, les jeunes femmes en subissent les conséquences : plus d’un tiers des femmes interrogées au Royaume-Uni ont été les victimes non consentantes de gifles, d’étranglement, d’étouffement et même de crachats pendant un rapport sexuel pourtant désiré[28].
La sociologue américaine Gail Dines[29] a montré à quel point les violences extrêmes dans le milieu de la pornographie ne sont pas exceptionnelles mais au contraire de plus en plus répandues[30]. Elle cite à ce titre l’une des rares études ayant été réalisées sur le contenu pornographique contemporain et selon laquelle la majorité des scènes de cinquante films pornographiques parmi les plus loués sur le marché contiennent des abus physiques et verbaux à l’encontre des exécutantes : 88 % des scènes présentent des agressions physiques (fessée, bâillon, gifle) ; 48 % présentent des agressions verbales (emploi des termes « salope », « pute ») [31]. Les chercheurs concluent qu’en combinant les agressions physiques et verbales, près de 90 % de ces scènes présentent au moins un acte agressif, avec en moyenne près de douze mauvais traitements par scène[32].
Les chiffres cités par la Fondation Scelles dans son cinquième rapport mondial sur le système prostitutionnel sont du même ordre, et révèlent que les scènes de violence tournées dans le milieu pornographique sont nombreuses[33]. L’analyse de 304 scènes de pornographie a montré que près de 90% des scènes contenaient des actes de violence [34]. Certains contenus sont indubitablement illicites et leur diffusion est condamnable. Selon des chiffres communiqués par Céline Piques, porte-parole de l’association Osez le féminisme !, PornHub recense 71.608 vidéos faisant l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité, ainsi que 2.462 vidéos ayant pour mot clé « torture »[35].
Si les contenus violents ne sont pas forcément les plus recherchés par les utilisateurs, ils leur sont cependant très vite proposés ; et en cas d’accoutumance, l’un des phénomènes les plus courants lié à la consommation de pornographie, les consommateurs vont se diriger vers des contenus de plus en plus violents[36].
2. Comment la violence sexuelle se manifeste ?
Actes et comportements violents
Dans une décision remarquée de 1992, la Cour suprême du Canada avait été la première cour au monde à estimer qu’il existe un lien entre la pornographie en général et la violence perpétrée à l’encontre des femmes dans la société[37].
Un certain nombre d’études transversales et expérimentales couvrant plusieurs décennies ont suggéré que la consommation de pornographie, en particulier par les hommes, est positivement associée à l’agression sexuelle et aux attitudes violentes envers les femmes[38].
A l’issue de l’examen des résultats de vingt-deux études réalisées dans sept pays, Paul J. Wright, Robert S. Tokunaga et Ashley Kraus concluaient en 2015 que
« Les données accumulées permettent d’affirmer qu’en moyenne, les individus qui consomment le plus souvent de la pornographie sont plus enclins à des attitudes propices à une agression sexuelle et s’engagent davantage dans des actes d’agression sexuelle que ceux qui ne consomment pas de pornographie ou qui en consomment moins fréquemment » [39].
La consommation de pornographie est associée à l’agression sexuelle aux Etats-Unis et dans le monde, chez les hommes et les femmes, ainsi que dans les études transversales et longitudinales. Les associations étaient plus fortes pour les agressions sexuelles verbales que physiques, bien que les deux soient significatives[40].
En Italie, une étude publiée en 2006 après l’analyse de données récoltées auprès de 804 adolescents, garçons et filles, âgés de 14 à 19 ans, fréquentant différents types d’écoles secondaires dans le nord-ouest de l’Italie, concluait que la violence sexuelle active et passive, les rapports sexuels non désirés et la pornographie étaient corrélés[41]. Outre Atlantique, une étude menée en 2019 et concentrée sur les adolescents américains identifiait un lien de causalité entre l’exposition à une pornographie violente et des comportements violents lors d’un rendez-vous amoureux : les jeunes adolescents exposés à de la pornographie ont trois fois plus de probabilités de commettre un acte sexuel violent lors d’un rendez-vous[42].
Trente-huit femmes victimes de violence sexuelle ont été interrogées dans le cadre d’une étude intitulée « Beyond Silence » afin de mesurer l’impact de la consommation de pornographie dans un contexte conjugal : les participantes ont notamment indiqué avoir été soumises à des actes décrits comme avilissants, dévalorisants, coercitifs et violents, et dont l’origine semblait directement liée à la pornographie. Dans certains cas, les femmes interrogées ont établi un lien clair entre la pornographie et la façon dont la violence était perpétrée par leur partenaire[43].
La première étude à examiner l’utilisation problématique de la pornographie et la perpétration de violence physique et sexuelle dans le milieu conjugal depuis la perspective des agresseurs date de 2021[44]. Deux cent soixante-treize hommes participant à des programmes de réinsertion étaient interrogés en tenant compte de facteurs externes (symptomatologie psychiatrique, consommation de substances et addictions). Les résultats ont révélé une association positive entre l’utilisation problématique de la pornographie et la perpétration de violence conjugale physique et sexuelle[45].
Quelles que soient l’époque et les méthodes, les études révèlent généralement que la pornographie, en particulier la pornographie violente, semble être associée à des augmentations significatives des variables liées aux agressions sexuelles, telles que l’acceptation du mythe du viol, les attitudes négatives envers les femmes, la volonté de violer et les antécédents de comportement agressif.
La pornographie apparaît donc comme un important facteur de risque de violence sexuelle. Mais ses risques sont plus grands pour certains utilisateurs que pour d’autres. La violence sexuelle est façonnée par de multiples facteurs sociaux et culturels, dont la consommation de pornographie n’est qu’un exemple[46]. De nombreux consommateurs de pornographie ne sont pas sexuellement agressifs. Cependant, les données accumulées ne laissent guère de doute sur le fait qu’en moyenne, les individus qui consomment de la pornographie plus fréquemment sont plus susceptibles d’avoir des attitudes propices à l’agression sexuelle et de commettre des actes d’agression sexuelle que les individus qui ne consomment pas de pornographie ou qui en consomment moins fréquemment.
La domination masculine/misogynie
Dès les années 1970, des chercheuses féministes ont montré que les mariages forcés, la prostitution, les violences conjugales, les violences sexuelles, le harcèlement ou la pornographie doivent être appréhendés comme un continuum qui relève d’un même rapport social de domination du principe masculin[47].
La massification de la pornographie en ligne et l’industrialisation de ce secteur économique ont participé à la construction d’un système de domination et de violences faites aux femmes dans l’industrie pornographique[48]. Plus globalement, ainsi que l’a exposé Sophie Jehel, la pornographie tend à renforcer la construction d’une culture viriliste de la sexualité des hommes, qui passe par la domination sexuelle des femmes, et dont la consommation est vécue bien souvent par les jeunes filles, mais aussi par les jeunes homosexuels, comme une agression[49]. Elle estime que la culture pornographique dans son ensemble vient renforcer les codes de la domination masculine et rend particulièrement difficile l’éducation à l’égalité et à la parité[50]. La culture pornographique constitue le fait de vivre dans une culture dans laquelle la pornographie a infiltré nos vies, nos pratiques sexuelles, nos standards de beauté et nos attentes envers nos partenaires sexuels[51]. Dans la pornographie, le pouvoir des hommes est sexualisé et la violence envers les femmes est vue comme un fantasme bénin déconnecté de la réalité. Les femmes y sont soumises à des pratiques entièrement axées sur la sexualité masculine, elles sont humiliées et victimes de violence et ce, même dans la pornographie la plus mainstream[52]. De nombreux éléments cruciaux du continuum de la violence envers les femmes sont expressément véhiculés et renforcés par les films pornographiques[53]. Ceux-ci contribuent en effet à glamouriser le viol et les agressions (Prince Yashua is Slaying Young Sluts, Ride or die, The Violation of Layton Benton) ; à érotiser l’esclavage (Rocco’s perfect slaves 6, The submission of Emma Marx) ; à sexualiser les enfants (Mandigon Teen Domination 04, Father’s Forbidden Fantasies2, Corrupt schoolgirls 09) ; à déshumaniser et humilier les femmes et les filles (I’m Young, Dumb and Thirsty for Cum) et à véhiculer des stéréotypes racistes (Who Let The Black Man In?, Horny Black Mothers, Black Booty Anal Challenge)[54].
La culture pornographique véhicule donc, et ce largement, une image érotisée de la violence sexuelle envers les femmes. Tous les éléments de la culture pornographique contribuent grandement à banaliser la violence sexuelle, à en faire la norme, en promouvant des relations sexuelles où la sexualité est entièrement basée sur le plaisir masculin, où les femmes sont toujours disponibles, où un « non » se transforme toujours en « oui » et où la violence sexuelle est érotisée[55]. Les scénarisations de viols dans les vidéos pornographiques et le non-respect constant du « non » de la femme » ont des répercussions sur l’idée que se font les jeunes de la notion de consentement[56].
Dans le cadre de l’étude « Beyond Silence », l’accent mis sur le plaisir de l’homme et les liens que les participantes ont établi entre cet aspect, le droit sexuel de l’homme et la domination et le pouvoir, se retrouvent également dans la façon dont les femmes ont parlé, plus spécifiquement, des pratiques qui les déshumanisaient ou les dévalorisaient ouvertement. Plusieurs femmes ont ainsi identifié la nature problématique de la pornographie et la façon dont elle conduit à la dévalorisation et à la déshumanisation des femmes dans la société en général[57].
La pornographie est un puissant outil de propagande au service de la culture du viol : l’expression est apparue pour la première fois en 1974 sous la plume de Noreen Connell[58]. La culture du viol décrit une tendance à minimiser voire à nier l’expérience du viol et à vouloir réhabiliter voire excuser les agresseurs. Si le phénomène n’est pas nouveau, la culture du viol dispose actuellement de nombre d’outils et de technologies pour se propager et s’immiscer dans nos vies[59]. La pornographie participe également à ce que le sociologue Johan Galtung appelle la « violence culturelle »[60] ; pour Nicola Gavey, la pornographie contribue à « l’échafaudage culturel du viol », qui désigne la construction de normes et de pratiques culturelles qui soutiennent le viol ou en établissent les conditions préalables[61].
3. Que faire ?
La quantité de pornographie et la difficulté à restreindre son accès renforcent l’aspect primordial de la nécessité d’une discussion ouverte avec les enfants et adolescents pour insister sur le fait que la pornographie dépeint souvent des expériences sexuelles malsaines dépourvues de tout réalisme[62].
Leila Frodsham, gynécologue consultante et porte-parole du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists souligne également la nécessité d’une meilleure éducation : selon elle, la pornographie donne aux enfants et aux jeunes une fausse impression de ce à quoi ils peuvent s’attendre lorsqu’ils commencent à avoir des relations sexuelles, et peut fixer des objectifs irréalistes aux garçons et aux filles lorsqu’il s’agit d’explorer leur sexualité[63]. Pour Denis Mukwege, « si nous manquons à notre devoir d’éduquer les garçons au sujet du sexe, il est évident qu’ils vont conclure que la normalité se trouve dans les films classés X »[64].
Un sondage récent intitulé « Les français et l’éducation à la vie sexuelle et affective pour lutter contre les violences » interrogeait les sujets liés à la sexualité déjà évoqués avec les enfants. Parmi ces sujets, la consommation et les représentations liées à la pornographie représentait un total de 18% auprès des fils ; 16% auprès des filles. Concernant les sujets à aborder en priorité lors des cours d’éducation à la vie sexuelle et affective, la consommation et les représentations liées à la pornographie représentait un total de 23%[65]. Ce rappel d’une éducation indispensable rejoint la conclusion d’une étude longitudinale sur le lien entre consommation de pornographie et agression sexuelle effectuée auprès d’élèves de collège et de lycée interrogés cinq fois sur trois ans, qui insiste sur la nécessité d’une éducation sexuelle basée sur les médias dès le collège[66].
[1] Christopher J. Ferguson et Richard D. Hartley, « Pleasure is Momentary…the Expense Damnable?: The Influence of Pornography on Rape and Sexual Assault », Aggression and Violent Behavior, Vol. 14, pp. 323–329, 2009, disponible sur : https://christopherjferguson.com/pornography.pdf.
[2] Silvia Bonino, Silvia Ciairano, Emanuela Rabaglietti et Elena Cattelino, « Use of pornography and self-reported engagement in sexual violence among adolescents », European Journal of Developmental Psychology, Vol. 3, pp. 265–288, 2006, disponible sur :
[3] V. notamment : J. Briere, S. Corne, M. Runtz et N. Malamuth (1984) ; N. M. Malamuth et J. Check (1985) ; N. M. Malamuth (1986) ; J. Check (1996) ; L. F. Fitzgerald, F. Drasgow, C. L. Hulin, M. J. Gelfand et V. J. Magley (1997) ; Dine et al. (1998) ; G. M. Hald, N. M. Malamuth et C. Yuen (2000) ; D. A. Kingston, N. M. Malamuth, P. Fedoroff et W. L. Marshall (2009) ; G. M. Hald, N. M. Malamuth et C. Yuen (2010) ; Seto et al. (2010) ; D’Abreu et Krahe (2014) ; P. J. Wright, R. S. Tokunaga et A. Kraus (2015) ; W. L. Rostad, D. Gittins-Stone, C. Huntington, C. J. Rizzo, D. Pearlman et L. Orchowski (2019).
[4] Les chercheurs qui soutiennent que la pornographie réduit le risque d’agression sexuelle ou que tout effet est sans conséquence font valoir une « formasturbatory catharsis » : W. A. Fisher et G. Grenier (1994) ; C. J. Ferguson et R. D. Hartley (2009) ; M. Diamond, E. Jozifkova et P. Weiss (2011).
[5] V. notamment : D. Linz et N. M. Malamuth (1993) ; W. A. Fisher et G. Grenier (1994) ; N. M. Malamuth et E. V. Pitpitan (2007) ; Samantha Martocci, « Examining the Relationship Between Pornography Consumption and Rape Myth Acceptance Among Undergraduate Students », University of Maryland, College Park, 2019 ; S. Gabe Hatch, Charlotte R. Esplin, Sean C. Aaron, Krista K. Dowdle, Frank D. Fincham, H. Dorian Hatch, Scott R. Braithwaite, « Does pornography consumption lead to intimate partner violence perpetration? Little evidence for temporal precedence », The Canadian Journal of Human Sexuality, Vol. 29, pp. 289–296, 2020.
[6] N. M. Malamuth et J. Ceniti (1986) : la consommation de pornographie inspirerait des comportements plus agressifs immédiatement après, mais ces effets se dissiperaient par la suite.
[7] N. M. Malamuth (2018) indique que la pornographie en elle-même n’est pas susceptible de pousser les gens à commettre des agressions sexuelles, mais en combinaison avec d’autres facteurs de risque, l’exposition à certains types de pornographie (pornographie adulte ou enfantine non consentante) peut augmenter le risque de résultats agressifs. Dans certains cas, N. M. Malamuth affirme que la pornographie peut en fait fonctionner comme un « point de basculement » et amener une personne à risque qui n’agirait peut-être pas de manière agressive à commettre effectivement un délit sexuel agressif.
[8] A cet égard, W. A. Fisher et A. Barak recommandaient dès 2001 de concentrer les recherches futures sur le développement d’une échelle standardisée de consommation de pornographie, qui mesure la fréquence et la durée de l’exposition, ainsi que le sujet-contenu choisi par le consommateur pour étudier les antécédents de manière précise et approfondie.
[9] Il s’agit d’une méthode qui compile et synthétise les résultats de différentes études, permettant d’augmenter la probabilité de trouver un résultat statistiquement significatif et de tirer une conclusion globale.
[10] M. Allen, D. D’Allessio et T. M. Emmers-Sommer, 2000 ; E. Odone-Paolucci, M. Genuis et C. Violato, 2000 ; B. Gunter, 2002.
[11] P. J. Wright, R. S. Tokunaga, A. Kraus, « A Meta-Analysis of Pornography Consumption and Actual Acts of Sexual Aggression in General Population Studies », Journal Of Communication, 2015, Vol. 66, pp. 183–205, disponible sur : https://xyonline.net/sites/xyonline.net/files/2018-03/Wright, A Meta‐Analysis of Pornography Consumption and Actual Acts of Sexual Aggression 2015.pdf.
[12] Denis Mukwege, La force des femmes, Broché, 2021.
[13] Maria Michela Marzano-Parisoli et Claude Rozier, Alice au pays du porno : ados, leurs nouveaux imaginaires sexuels, Ramsay, 2005.
[14] Anne de Labouret, Christophe Butsraen, Catherine Julia, Parlez du porno à vos enfants avant qu’internet ne le fasse, Thierry Souccar Editions, 2019.
[15] « Porno : l’enfer du décor », Rapport d’information n° 900 (2021–2022) de Mmes Annick Billon, Alexandra Borchio Fontimp, Laurence Cohen et Laurence Rossignol, fait au nom de la délégation aux droits des femmes, déposé le 27 septembre 2022, disponible sur : http://www.senat.fr/rap/r21-900-1/r21-900-1.html.
[16] N. M. Malamuth et J. Check (1981) ; Zillmann et Bryant (1989) ; J. Check (1996).
[17] Clarissa Smith, Feona Atwood et Martin Baker, Les motifs de la consommation de pornographie, 2015.
[18] Alan McKee, Catharine Lumby et Kath Albury, The Porn Report, 2008.
[19] L. Tarzia, et M. Tyler, « Recognizing Connections Between Intimate Partner Sexual Violence and Pornography », Violence Against Women, 2021, Vol. 27, pp. 2687–2708.
[20] Sondage IFOP « Les adolescents et le porno : vers une « Génération Youporn » ? », 2017.
[21] Liz Dunphy, « Pornography leads to increased sexual violence, majority says », 2022, disponible sur : https://www.irishexaminer.com/news/arid-41015162.html. Nous avons volontairement écarté de notre propos la pornographie « féministe », susceptible d’être moins violente, car sa consommation est beaucoup moins représentative.
[22] E. M. Alexy et al., 2009 ; J. Price et al., 2016.
[23] M. J. Brem et al., « Problematic Pornography Use and Physical and Sexual Intimate Partner Violence Perpetration Among Men in Batterer Intervention Programs », Journal of interpersonal violence, Vol. 36, 2021.
[24] S. Kühn, J. Gallinat, « Brain structure and functional connectivity associated with pornography consumption: the brain on porn », JAMA Psychiatry, Vol. 71, 2014 ; Kendra J. Muller, « Pornography’s Effect on the Brain: A Review of Modifications in the Prefrontal Cortex », Intuition: The BYU Undergraduate Journal of Psychology, Vol. 13, 2018.
[25] A. J. Bridges, R. Wosnitzer, E. Scharrer, C. Sun et R. Liberman, « Aggression and sexual behavior in best-selling pornography videos: A content analysis update », Violence Against Women, Vol. 16, 2010.
[26] « A landmark report by researchers confirms what we have known for years: pornography is, and encourages, sexual violence », 2021, disponible sur : https://cease.org.uk/a-landmark-report-by-researchers-confirms-what-we-have-known-for-years-pornography-is-and-encourages-sexual-violence/.
[27] Denis Mukwege, op. cit.
[28] Savanta ComRes, BBC 5 Live, Women’s Poll, 2019, disponible sur : https://comresglobal.com/wp-content/uploads/2019/11/Final-BBC-5-Live-Tables_211119cdh.pdf.
[29] Gail Dines a notamment écrit l’ouvrage Pornland : Comment le porno a envahi nos vies (2010).
[30] « Porno : l’enfer du décor », op. cit.
[31] « Aggression and Sexual Behavior in Best-Selling Pornography : A Content Analysis Update », étude de Robert J. Wosnitzer et Ana J. Bridges présentée au 57e congrès annuel de la International Communication Association à San Francisco du 24 au 28 mai 2007.
[32] « Porno : l’enfer du décor », op. cit.
[33] Ibid.
[34] Chapitre La Pornographie : toujours pas une histoire d’amour, au sein du 5e rapport mondial de la Fondation Scelles « Système prostitutionnel — Nouveaux défis, nouvelles réponses », 2019, disponible sur : https://www.rapportmondialprostitution.org/.
[35] « Porno : l’enfer du décor », op. cit.
[36] Ibid.
[37] Cour suprême du Canada, Affaire Butler, 27 février 1992.
[38] E. Donnerstein et L. Berkowitz, 1981 ; E. Donnerstein et J. Hallam, 1978 ; G. M. Hald et N. M. Malamuth, 2015 ; N. M. Malamuth, T. Addison et M. Koss, 2000 ; N. M. Malamuth et J. Ceniti, 1986 ; P. J. Wright, R. S. Tokunaga et A. Kraus, 2016.
[39] P. J. Wright, R. S. Tokunaga, A. Kraus, « A Meta-Analysis of Pornography Consumption and Actual Acts of Sexual Aggression in General Population Studies », op. cit.
[40] P. J. Wright, R. S. Tokunaga, A. Kraus, « A Meta-Analysis of Pornography Consumption and Actual Acts of Sexual Aggression in General Population Studies », op. cit.
[41] La violence sexuelle active vise ici le harcèlement sexuel, le fait de forcer quelqu’un à avoir des rapports sexuels ; la violence sexuelle passive correspond à l’inverse au fait d’avoir été harcelé sexuellement ou forcé à avoir des rapports sexuels.
[42] Whitney L. Rostad, Daniel Gittins-Stone, Charlie Huntington, Christie J. Rizzo, Deborah Pearlman et Lindsay Orchowski, « The Association Between Exposure to Violent Pornography and Teen Dating Violence in Grade to High School Students », Archives of Sexual Behavior, n°7, 2019.
[43] L. Tarzia et M. Tyler, « Recognizing Connections Between Intimate Partner Sexual Violence and Pornography », op. cit.
[44] M. J. Brem et al., « Problematic Pornography Use and Physical and Sexual Intimate Partner Violence Perpetration Among Men in Batterer Intervention Programs », op. cit.
[45] Ibid.
[46] Michael Flood, « Pornography is a powerful sexual socialiser for young people », 2020, disponible sur : https://xyonline.net/content/pornography-powerful-sexual-socialiser-young-people.
[47] V. notamment Hanmer, 1977 ; Romito, 1997 ; Morbois, 2000. Marylène Lieber, « Femmes, violences et espace public : une réflexion sur les politiques de sécurité », Lien social et Politiques, Numéro 47, 2002, pp. 29–42, disponible sur : https://doi.org/10.7202/000340ar.
[48] « Porno : l’enfer du décor », op. cit.
[49] Ibid.
[50] Ibid.
[51] « Violence envers les femmes, pierre angulaire de la domination masculine », Mémoire présenté à la Commission des relations avec les citoyens dans le cadre des consultations particulières sur le Plan d’action gouvernemental 2008–2013 en matière d’agression sexuelle, Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle 24 mars 2015.
[52] Ibid.
[53] Ibid.
[54] Tous les titres sont tirés des meilleurs vendeurs du site Adult Movie News (AVN) pour le mois de février 2015. Selon Wikipédia « AVN est un journal commercial américain destiné à promouvoir l’industrie du cinéma pornographique ». Pour The New York Times, « le magazine AVN est au film pornographique ce que Billboard magazine est à l’industrie du disque ». Il s’agit donc de films pornographiques extrêmement populaires et non pas de niche.
[55] « Violence envers les femmes, pierre angulaire de la domination masculine », op. cit.
[56] « Porno : l’enfer du décor », op. cit.
[57] L. Tarzia et M. Tyler, « Recognizing Connections Between Intimate Partner Sexual Violence and Pornography », op. cit.
[58] Noreen Connell, Rape: The First Sourcebook for Women, New York : New American Library, 1974.
[59] « Violence envers les femmes, pierre angulaire de la domination masculine », op. cit.
[60] Johan Galtung, « Cultural Violence », Journal of Peace Research, Vol. 27, pp. 291–305, 1990, disponible sur : https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0022343390027003005.
[61] « A landmark report by researchers confirms what we have known for years: pornography is, and encourages, sexual violence », op. cit.
[62] Denis Mukwege, op. cit.
[63] Nicolas Davis, « Is pornography to blame for rise in ‘rape culture’? », 2021, disponible sur : https://www.theguardian.com/world/2021/mar/29/is-pornography-to-blame-for-rise-in-culture.
[64] Denis Mukwege, op. cit.
[65] « Sondage Opinion Way pour La Maison des Femmes » réalisé en ligne du 12 au 20 octobre 2022 auprès d’un échantillon de 2025 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence, disponible sur : https://www.lamaisondesfemmes.fr/assets-mdf/uploads/2022/11/opinionway-pour-maison-des-femmes-les-francais-et-leducation-a-la-vie-sexuelle-et-affective-pour-lutter-contre-les-violences-novembre-2022.pdf.
[66] E. A. Waterman, R. Wesche, G. Morris, K. M. Edwards et V. L. Banyard, « Prospective Associations Between Pornography Viewing and Sexual Aggression Among Adolescents », Journal of Research on Adolescence, Vol. 32, pp. 1612–1625, 2022.